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JOURNAL DE BORD D'UNE TOUTE PREMIÈRE FOIS

Dernière mise à jour : 2 févr.



J'ai eu l'idée d'écrire ce journal sans aucune prétention si ce n'est, je l'espère, de faire rêver celles et ceux qui aiment l'aventure en mer ou leur donner envie de réaliser à leur tour ce que je m'apprête à vivre.

Qui suis-je? Je vais répondre par une anecdote : il y a environ 25 ans, j'ai mis le pied pour la première fois sur un catamaran pour une excursion à la journée entre Ste Anne (Martinique) et l'île de Ste Lucie qui se trouve en face. Il me semble avoir été la seule personne malade à bord.

Je n'ai jamais oublié le précieux conseil d'un jeune membre de l'équipage, qui a certainement eu pitié de mon état et m'a vivement recommandé de rester allongée, de me détendre totalement le temps que mon corps retrouve un bon équilibre. Effectivement face à une appréhension, nous avons tous tendance à nous crisper alors qu'il suffit simplement de se laisser aller. Facile à dire bien évidemment...

Je me souviens avoir alors pensé que je n'étais pas faite pour le monde de la voile.

Et quelques années plus tard (pour ne pas dire des décennies), me voilà prête à faire une Transat des Bahamas jusqu'à La Grande Motte !!!.C'est pourquoi je tiens maintenant à remercier trois personnes sans lesquelles je n'aurais jamais fait cette future traversée.

La première personne est le Capitaine Pierre, mon mari, qui, sans rien me demander ni rien exiger de moi, me permet de faire partie de cette Aventure car c'en est une pour moi.

La seconde personne est mon ami André dit Dédé, qui raconte si bien de jolies anecdotes autour d'une de ses passions : la voile (après Monia bien sûr !) et qui a beaucoup navigué sur les océans. Nous aurions dû être ensemble pour cette Transat.

Enfin, la troisième personne qui m'a donné encore plus envie de vivre cette traversée de l'Atlantique est ma sœur de mer ; celle qui partage mes émotions, mes joies et me donne de précieux conseils. L'un de ses rêves est de vivre ce que je vais vivre (pour une fois, j'ai un peu d'avance) alors que de son côté, elle va réaliser l'un des miens : aller jusqu'à Ellis Island et saluer la majestueuse et symbolique Statue de la Liberté à New-York.

La vie est belle, n'est-ce pas !!!

Bien entendu, je ne pars pas sans quelques questions légitimes telles que : "Vais-je supporter une longue navigation, moi qui aime la Terre? Et si je suis malade à cause d'une mer fortement agitée? Et si la cohabitation dont je n'ai pas l'habitude me pèse? Et si je suis en manque de........ chocolat noir (mon meilleur ami !)?. Et si? Et si?"

Depuis décembre 2021, j'ai rejoint Pierre sur Piment Rouge à Union, l'île la plus au sud des Grenadines. Nous avons fait une escale de 8 jours à terre pour clôturer notre vie active, embrasser les amis et enfants. Nous avons ensuite effectué un périple de 4 mois afin de remonter l'Arc Antillais pour rejoindre les Bahamas en passant par Puerto Rico et la République Dominicaine.

Par conséquent, deux facteurs essentiels me permettent de faire la traversée de l'Atlantique le plus sereinement possible.


Le premier est Piment Rouge, ce bel Outremer 51 rouge et blanc qui va nous emmener de Nassau jusqu'à La Grande Motte. C'est un bateau exigeant mais performant, qui demande de bonnes conditions physiques (et nous permet aussi de les maintenir) mais je ne me suis jamais sentie aussi en confiance que sur ce catamaran.

Le deuxième facteur et non des moindres est l'équipage. Pierre, Capitaine Mousquetaire, a su s'entourer de 3 valeureux équipiers aussi intéressants que différents et c'est cette différence qui fait la force de l' équipage.

Me voilà donc parée pour une toute première fois comme l'annonce l'intitulé de mon journal de bord. Alors que la fête commence...



VENDREDI 06 MAI :

Ça y est !!! Nous sommes enfin prêts à partir mais cela n'a pas été sans mal.

Nos équipiers Hervé et Vincent sont bien arrivés, les mains chargées de bouteilles de rhum ou gin. Comme chacun sait : l'apéro sur un bateau est un moment incontournable... pour ne pas dire obligatoire.

Vincent nous a fait la jolie surprise d' arriver en plus avec nos chocolats préférés et n'a pas lésiné sur la quantité : 18 tablettes en tout.

Comme il faut des imprévus pour que la fête soit plus drôle, Serge n'a malheureusement pas pu se joindre à nous comme prévu à cause de son test positif au Covid. Pour quitter les Bahamas, il a fallu faire des tests antigéniques pour la modique somme de 60 USD chacun + remplir " the travel authorization " (40 USD/personne) pour entrer aux Bermudes.

Piment Rouge s'est fait refaire une beauté à la marina à grands coups de jets d'eau et de produits nettoyants. Nous avons rempli les frigos, le congélateur et le bar pour ne manquer de rien. Hervé, égal à lui-même, n'a pas pu s'empêcher de faire un dernier tour au magasin alimentaire au cas où....Je rappelle que nous partons en plein océan mais que la première étape ne devrait durer que 4 à 5 jours.

Pour être en règle et finir avec l'administratif, les Customs (douanes en France) devaient venir sur Piment Rouge à 10h du matin. Après quelques allers-retours auprès de la marina du capitaine, qui ne voyait personne arriver, l'heure a changé à 15h30 pour voir finalement une femme vers 18h prendre une photo du document d'entrée aux Bahamas sans vérifier les passeports ni mettre de tampons. Nous avons juste une feuille sans même les noms des personnes à bord.

Bref, nous partons demain matin et nous verrons en arrivant aux Bermudes car nous saturons tous de subir dans la marina depuis quelques jours la chaleur, les orages, les moustiques et les mouches. L'air marin nous manque ainsi que le vent dans les cheveux...


SAMEDI 07 MAI :

Moteurs allumés à 7h12 et c'est parti !!! Nous longeons le nord de l'île d'Eleuthera sous une chaleur accablante avant de commencer la traversée de l'Océan. Le tableau des quarts est mis en place. En début de soirée, un Ti Punch bienvenu est servi par le capitaine et nous trinquons à notre première Transat retour à tous les 4.

A 21h30, chaussée, gilet de sauvetage attaché, je rejoins Hervé à la barre pour les dernières consignes avant ma prise de quart :" tout va bien, il y a juste des orages sur ton bâbord mais ils sont loin ; par contre, il est préférable qu'il n'y en ait pas derrière ".

Gloups! J'ai peur de l'orage ; je passe donc mon quart à m'assurer qu'il n'y ait pas d'éclairs dans le ciel derrière Piment Rouge. C'est un beau spectacle qui s'offre à moi et cela me rassure surtout de le voir au loin ! A minuit, je descends dans ma cabine mais ma première nuit en pleine mer n'est pas sereine car j'entends des bruits dont je n'ai pas l'habitude, les lumières des orages durent jusqu'au matin et le bateau est secoué par des vagues irrégulières. " Bienvenue dans le monde des marins " me dit Pierre !!!


DIMANCHE 08 MAI :

Après une matinée orageuse, venteuse, pluvieuse, mouvementée, cafetière renversée, carré humide, nous apprécions les pâtes revigorantes préparées par Hervé pour le déjeuner ; sieste récupératrice pour tous tout en respectant les quarts bien entendu !

Le soleil fait son apparition dans l'après-midi. Pierre et Hervé bricolent. Vincent écoute ses compilations de jeunesse ; je prépare un gâteau aux bananes. La soirée s'annonce tranquille.


LUNDI 09 MAI :

La nuit a été calme. Je retrouve Hervé à 5h ce matin pour les consignes : RAS, il a juste croisé un pétrolier dont j'aperçois encore les feux au loin.

J'ai droit à un joli spectacle : le lever du soleil d'un bel orange vif (couleur Vitamine) sur la mer. Cela me rappelle ma fille Marie qui m'a dit (il y a déjà quelques années de çà) d'arrêter de mettre un écran entre mes rétines et le paysage car je photographiais systématiquement tout ce que je trouvais beau. Message bien reçu : je prends le temps d'admirer ce qui m'est donné ce matin et le mets dans ma boîte à bonheur.

Le temps a été très changeant aujourd'hui. Soleil, ciel bleu, nuages, pluies ont été au rendez-vous. D'où, changement de voiles : du gennaker nous sommes passés au code 0 pour finir par le solent. Le vent est passé du Sud au Nord-Est ; ce qui nous a obligé à nous vêtir un peu plus chaudement. Ce soir au dîner, nous dégustons une soupe de légumes Netto périmée de 2 mois : même pas peur !!!

Eh oui, finies les vacances aux Antilles et Bahamas.


MARDI 10 MAI :

Je me suis réveillée à 2h13 ce matin, 2 minutes avant mon réveil ; comme quoi l'inconscient fait bien son travail... Le ciel est très nuageux avec un vent non établi et l'écran signale un catamaran "My Way " à environ 5NM devant nous.

Je profite d'une légère accalmie pour m'installer confortablement sur le siège de barre la tête contre le dossier, le nez en l'air pour admirer les étoiles. J'ai la chance d'en voir une filante ; c'est un cadeau du ciel dont je ne me lasserai jamais ! Vivement la prochaine nuit claire sans nuages.

Lorsque mon quart se termine à 5h, le jour commence à apparaître, les étoiles ont disparu sous les nuages et j'aperçois au loin à tribord le catamaran que Piment Rouge a rattrapé. Je rajoute une couverture sur mon lit car la température a baissé et l'humidité s'est installée.

La matinée s'annonce belle, ensoleillée avec une mer calme. J'en profite donc pour faire un gâteau aux carottes car une douceur sucrée est toujours appréciée durant les quarts.

L'après-midi se déroule tranquillement : repos, lecture, musique.

Le soir arrive avec un vent qui devrait faiblir dans la nuit. Réveillée à 23h40 par des manœuvres, je réalise que j'avais mis mon réveil à 11h45 au lieu de 23h45. Ouf ! Je m'en sors bien car je mets un point d'honneur à être un marin sur qui l'on peut compter au moins pour les quarts.


MERCREDI 11 MAI :

Le vent commence à forcir : mon quart de minuit débute avec Hervé qui gentiment reste avec moi une bonne demi-heure pour voir l'évolution de la météo. Pierre vient m'aider à mettre ma sangle de sécurité. Me voici donc bien calée au poste de barre, pas trop fière en voyant la vitesse du vent augmenter mais finalement rassurée de voir Piment Rouge bien réagir aux éléments. La lune est belle au 3/4 pleine, le ciel est clair, peu nuageux et étoilé comme j'aime. Je commence à fredonner une chanson entendue dans l'après-midi qui me rappelle mon adolescence " Il est libre Max " de Hervé Christiani.

Je regarde le bateau, la mer, le ciel et des mots me viennent spontanément en tête. Je songe à Vincent qui m'a dit savoir jouer cette chanson sur sa guitare alors dès la fin de mon quart, je m'empresse de noter les paroles et nous essaierons peut-être, quand nous aurons le temps, d'en faire quelque chose de joli.

Le vent forcit, la pluie arrive, les bruits dans ma cabine s'amplifient et le bateau commence à s'agiter un peu plus que d'habitude. Je me rhabille chaudement et décide d'aller dormir dans le carré d'où je regarde les gars s'activer pour calmer ce fougueux Piment !

Je m'endors avec le sourire en entendant Vincent dire à Pierre de ne pas hésiter à faire appel à lui si besoin, qu'il saura où le trouver. C'est d'autant plus facile à le trouver qu'il suffit de tendre le bras du poste de barre pour le réveiller. En effet, je ne sais comment fait Vincent pour dormir dans le cockpit alors qu'il y a du passage avec les changements de quart, du bruit, des courants d'air, parfois de la pluie ; ils sont vraiment trop forts ces Bretons !!!

Les couleurs du matin sont belles : soleil éblouissant, mer bleue mais virent peu à peu au blanc-gris dès le début de l'après-midi. La dépression annoncée arrive, les vagues commencent à se former et nous atteignons rapidement les 30 nœuds.

Sur ordre du capitaine, tout le monde enfile son gilet de sauvetage et se chausse. Chacun est à son poste : les consignes sont bien écoutées et exécutées. Ça fait plaisir de voir un équipage bien coordonné et complice. Il est vrai qu'ils ont déjà un peu d'expérience ensemble avec la Transat aller.

Nous sommes bien accueillis dans le Territoire des Bermudes avec 2 arcs-en-ciel et un magnifique coucher de soleil qui, je suis sûre, sans la houle, nous aurait permis de voir le rayon vert :une fois de plus, nous y étions presque.... L'accueil radio avec un accent très British est sympathique ; la pluie constante ensuite un peu moins. Enfin, nous apercevons les lumières de la Terre !!!


JEUDI 12 MAI :

Welcome to Bermuda !!! Arrivés au port de St Georges, nous nous sommes amarrés devant la douane vers 00h30 un peu fatigués après environ 4 jours et 16h de navigation. La femme qui nous accueille aux Douanes semble aussi pressée que nous d'en finir avec les formalités ; cela nous arrange car il nous tarde de dîner et d'aller vite au lit avec le bruit de la pluie comme berceuse.

A 7h20,il pleut toujours et chacun est sur le pont pour libérer les amarres comme il nous a été demandé et d'ancrer un peu plus loin dans la baie. La pluie ne cesse pas et nous rappelle notre magnifique Bretagne. Nous trinquons de nouveau à notre arrivée à grands coups de..... café et thé ; soyons fous !!!

Vite! A terre pour découvrir cet endroit inconnu. Il y a du WIFI gratuit sur la petite place non loin du ponton des dinghies donc nous y allons pour donner et recevoir des nouvelles de la famille, des amis. Les gens que l'on croise sont polis, souriants, qu'ils soient locaux ou plaisanciers. C'est une atmosphère particulière car on sait que, à part quelques touristes en général Américains, les personnes sont juste de passage : j'adore !

Les maisons et commerces ont beaucoup de charme et sont joliment colorés pour la plupart d'entre eux. Nous déjeunons dans un restaurant avec une clientèle bruyante. Ah oui, il est vrai que nous ne sommes pas très loin de Miami... Autant je n'aime pas entendre les Américains qui parlent trop fort à mon goût, autant j'aime écouter la langue Anglaise qui me semble bien plus distinguée.

Hervé et Vincent décident de prendre une navette pour visiter la grande île Hamilton Island tandis que Pierre et moi revenons sur Piment Rouge pour l'aérer, faire sécher les vêtements, faire aussi de l'eau et un peu de nettoyage. En fin d'après-midi, nous nous retrouvons au pub White Horse (très bien situé à côté des pontons d'arrivée) pour lever un verre à notre première belle étape.


VENDREDI 13 MAI :


Matinée active : Hervé et Vincent vont gratter le bas de la coque, Pierre travaille sur son ordinateur tandis que je nettoie le coin cuisine puis fais un gâteau aux pommes.

Nous décidons de prendre le bus pour aller visiter The Crystal Caves sur la route de Hamilton mais nous arrivons juste après la fermeture. Tant pis, nous décidons de revenir à St George et prenons le bus qui nous amène..... jusqu'au terminus alors que nous pensions aller vers la citadelle !. Bon, eh bien, il ne reste plus qu'à marcher un peu plus que prévu tout en admirant les paysages et la flore alentour.

Le soir, nous retrouvons avec plaisir Jean-Pierre et Christine, nos amis du bateau Mahoa, qui viennent prendre un (+ 1 = 2) verre d'amitié avec leurs 2 équipiers sur Piment Rouge. C'est toujours une joie de retrouver ceux qui partagent les mêmes moments de vie et émotions que nous.


SAMEDI 14 MAI :

Nous avons décidé de passer la journée tous ensemble aujourd'hui. Nous voici donc réunis à 10h30 au ponton des dinghies où nous prenons un bus qui nous amène au centre de la capitale. Nous apercevons de superbes propriétés entourées de parcs magnifiques, golfs verdoyants. Hum ! ça sent le paradis... financier ! Après quelques achats dans les boutiques, nous déjeunons au restaurant avant de prendre le ferry.

En effet, se déroule ce week-end aux Bermudes le Sail GP pour la 3ème saison : une régate de voiliers sur foil (des F50 pour les initiés) ; autrement dit des "Formule Un" de la mer.

En tant que bons patriotes, nous supportons le bateau Français qui arrive deux fois deuxième et une fois......... Euh je ne me souviens plus vraiment (dernier mais chut !) lors de la première course. Assoiffés, nous faisons un arrêt sur la terrasse d'un bar situé dans un parc non loin du ferry. Nous profitons de la douceur du moment dans un endroit agréable en bonne compagnie.

Il est temps de prendre le dernier ferry du retour à 18h30 et pour ne pas se quitter trop vite après avoir passé une si belle journée tous ensemble, nous nous retrouvons tous les 8 sur Mahoa pour un (+ 1) Ti Punch très apprécié de tous !


DIMANCHE 15 MAI :

On rejoint l'équipage de Mahoa à 10h pour prendre un bus jusqu'aux "Crystal Caves" où l'on découvre de jolies stalactites. L'endroit me fait penser au gouffre de Padirac, la profondeur en moins. Nous déjeunons ensuite d'un délicieux sandwich au poisson au Café Olé (jeu de mots sympa !) ; sandwich qui se fait désirer puisqu'il nous faudra attendre presque une heure pour l'obtenir.

Nous nous promenons l'après-midi à la recherche d'autres grottes dans "The Blue Hole Park". Le soleil des Bermudes fait ressortir les couleurs turquoises de l'eau qui rappellent celles des Bahamas. Nous prenons un verre au White Horse pour nous désaltérer et profiter du WIFI avant de revenir sur Piment Rouge et accueillir Serge qui arrive enfin avec quelques heures de retard et sans bagage !


LUNDI 16 MAI :

La matinée est fort occupée avant le départ demain matin. Hervé, Vincent et moi allons à terre laver notre linge pendant que Pierre et Serge vérifient que tout fonctionne bien sur Piment Rouge. Nous repartons tous les 3 au supermarché pour les produits frais tandis que Serge part récupérer son bagage à l'aéroport. Pour la petite anecdote, nous nous trompons de bus, j'ai oublié la liste de courses sur le bateau mais finalement on gère bien la situation et revenons les bras chargés de victuailles.

Nous passons notre dernière soirée avec nos amis sur Mahoa où nous sommes toujours très bien reçus dans une ambiance bienveillante. Mahoa est ce que j'appelle une belle rencontre!!!


MARDI 17 MAI :

Nous sommes parés : les passeports sont tamponnés, les derniers messages envoyés. Nous allons à la station-service faire les pleins de carburant et d'eau.

A 9h33, les moteurs sont allumés et ce n'est pas sans un petit serrement au coeur que nous quittons les Bermudes saluant au passage l'équipage de Mahoa ainsi que Eric et Aurélie de Jumping Jack Flash venus les rejoindre.

La liste des quarts est faite, non sans mal puisque l'on se retrouve avec une journée manquante + une autre de 25h ! A 5 personnes, les quarts diffèrent de ce que nous avions connu lors de la 1ère étape à 4. Maintenant, nous avons un équipier au début et à la fin de notre quart tout en conservant un moment seul(e) à la barre.

Première prise de pêche : un joli wahoo qui laisse prévoir de bons repas en perspective ! Le temps est changeant ; quelques apparitions d'un soleil timide qui laisse place à un ciel plombé et une pluie continue. Tous les tapis et serpillères sont trempés ainsi que le cockpit. Nous dînerons donc dans le carré pour la 1ère fois en ce qui me concerne.

A 23h, je monte faire mon quart. La pluie s'est arrêtée alors je vais m'asseoir sur le siège du poste de barre oubliant qu'il est complètement trempé. Ce n'est pas pour rien que Pierre l'appelle son pluviomètre !.Hervé me prête gentiment un pantalon de pluie. Cela tombe bien : nous faisons la même taille..... à 30 cm près.


MERCREDI 18 MAI :



Cette nuit, la lune et les étoiles jouent à cache-cache derrière les nuages. Il n'en reste pas moins une belle visibilité qui me tient éveillée même si je sens la fatigue s'installer peu à peu. Après une moyenne de 12-13 nœuds, Piment Rouge descend à 8-9 nœuds ; ce qui reste toujours une bonne vitesse. Serge me rejoint, nous papotons et lorsqu'il est temps pour moi de retrouver mon lit après 2h du matin, je pense m'être endormie à peine la tête posée sur l'oreiller.


J'ai vécu un moment zen ce matin ; assise sur le siège baquet, la tête tournée vers le soleil, les yeux fermés, de la musique douce sortant des hauts-parleurs à l'avant du bateau. Je félicite Vincent pour ses choix musicaux en général adaptés au bon moment, au bon endroit. La musique " adoucit les mœurs" dit-on mais peut aussi devenir un conflit selon les goûts de chacun et surtout les décibels imposés dans un espace limité !

Après une sieste réparatrice, je prépare un gâteau au yaourt tandis que les hommes jouent au tarot. A défaut de cétacés que nous aimerions tant apercevoir, nous observons des physalies ou "galères portugaises" qui ressemblent à des méduses mais n'en sont pas. Il ne faut surtout pas les toucher car leurs tentacules sont très urticants et peuvent s'avérer dangereux.

Le ciel est étoilé et durant notre heure de quart commun, Serge répond à mes questions et m'explique comment connaître l'heure à partir de la position des étoiles. Il faut que je m'entraîne encore un peu avant d'y arriver...


JEUDI 19 MAI :

4h45 : je dois me lever mais le réveil est un peu difficile car il fait frisquet. Je commence par saluer la lune (honneur aux dames) qui est lumineuse entre deux nuages puis je salue mon coéquipier qui n'a pas très chaud lui non plus. Nous attendons ensemble avec impatience le lever du soleil dont on ne se lasse pas !

Seule à la barre, une grande tasse (cadeau de ma maman) de thé chaud entre les mains, je pense à ceux que j'aime, qui me manquent (depuis des mois que je suis en mer) et que je vais bientôt retrouver.


Serge arrive et décide de changer de voile car Piment Rouge se traîne un peu. Nous mettons en place le Code 0 et Vincent vient nous aider pour la manœuvre. Soudain, dans un grand silence, nous voyons le haut de la voile se détacher et..... tomber dans l'eau. Ébahis, nous restons quelques secondes sans réagir puis nous allons vite la chercher et la poser sur le bateau. Taquin, Vincent propose que le poids le plus léger monte chercher la pièce défectueuse en haut du mât ; pour la peine, il sera privé de gâteau !.

Serge s'installe dans la chaise de mât et (ho hisse) monte chercher la pièce qui lors de la descente chute près de nous, rebondit et (plouf) finit dans l'eau. L'important est de pouvoir remettre en place le Code 0 à l'aide de l'écoute du gennaker.

L'après-midi, la mer est calme avec une légère houle et pas de vent. Piment Rouge avance à une allure de 5,5 nœuds, allure à laquelle nous ne sommes pas habitués avec lui.


VENDREDI 20 MAI :

A 00h45, il n'est plus temps de paresser au lit ! Je suis déjà à moitié habillée m'étant effondrée hier soir comme une masse. L'option prise d'aller vers le Nord paie puisque le bateau est passé à une vitesse de 9 nœuds. La lune fait son apparition puis disparaît derrière la couche nuageuse. Nous discutons de voyages avec Hervé puis durant l'heure où je suis seule, je bois une tisane pour me réchauffer tout en observant le ciel assombri.


Serge arrive au moment où il se met à crachiner un peu. Il est content de l'allure de Piment Rouge et m'explique comment savoir si le grain que je vois au loin sur ma droite sera pour nous ou non. Les planètes Jupiter et Mars font leur apparition peu avant la fin de mon quart (merci l'application Star Walk 2) et j'attends de voir à nouveau la lune avant de retourner me coucher.

Après quelques heures de sommeil, je me réveille en constatant l'accélération de Piment Rouge. Les bruits et trépidations dans la cabine sont vite parlants. L'écran affiche 15 nœuds au moment où je le regarde mais l'allure diminuera à 10,4 nœuds ce qui est déjà une belle moyenne avec un pic de 22,4 !!!

Les vagues déferlent ; estimées à 1,50, 2 mètres selon Serge. A la fin de notre déjeuner un peu agité dans le cockpit, l'une d'entre elles arrive soudainement sur le bateau, arrose copieusement le siège de barre et atterrit en partie sur le dos de Vincent qui porte son nouveau tee-shirt aux manches longues acheté aux Bermudes. Cela nous fait d'autant plus rire qu'il essaie de le faire sécher désespérément depuis plusieurs jours...

Ca me fait toujours quelque chose d'entendre les vagues frapper violemment sous la nacelle d'un bateau .Plutôt que de subir les secousses dans le carré, je préfère encore m'étendre sur mon lit dans ma cabine où je dors, lis et regarde la mer.

Le vent monté à plus de 30 nœuds descend aux alentours de 25 en fin d'après-midi. 2 ris sont mis dans la grand-voile avec 2/3 de solent pour le confort de tous. Hervé et Serge font une demi-heure de quart en plus chacun pour ne pas me laisser seule à l'extérieur. J'apprécie grandement d'être avec des gentlemen.

J'admire le plancton dans l'eau qui scintille comme des diamants, surtout dans le sillage de Piment Rouge et après avoir regardé une dernière fois le Scorpion dans le ciel, je vais au lit pressée d'enlever mes vêtements humides.


SAMEDI 21 MAI :

Il est 1h40 lorsque j'entends Serge me réveiller en prononçant le mot magique "dauphin". Le temps que je m'habille et me chausse, il est trop tard. La prochaine fois, je mettrai le minimum sur moi pour aller au plus vite. En effet, j'ai demandé à être réveillée pour voir ce phénomène : des dauphins dits "phosphorescents" car nageant dans l'eau luminescente.

6h45 me semble une heure plus raisonnable pour commencer le quart de 7-10h. Seulement voilà : pas de lune ni d'étoiles à admirer et le soleil ne m'a pas attendue pour se lever !. Ce matin, il est présent mais l'air est frais. La mer est belle tout comme l'allure : 8-9 nœuds pour 20 nœuds de vent. Les garçons décident alors de mettre le spi chaussette. Et quand je vois à quel point ce n'est pas évident de l'installer à 3, je n'ose imaginer comment le faire à 2.....

En début d'après-midi, je fais un gâteau pommes -cannelle qui, je le sais, fera plaisir à l'équipage gourmand ou affamé. Le vent monte ensuite à 25 - 30 nœuds avec une vitesse moyenne de 9 nœuds et un pic de 22,4 ! Le soir, nous dînons dans le carré en retenant nos verres.


DIMANCHE 22 MAI :

Aux alentours de minuit, le vent forcit avec de belles vagues dont je ne souhaite pas connaître la hauteur. Piment Rouge n'est pas épargné et je souffre avec lui. Au bout d'une demi-heure environ, habillée, munie de mon oreiller et d'un sac de couchage, je monte (me réfugier) dans le carré. Vincent me rassure en vapotant tranquillement au poste de barre, heureux de surfer sur les vagues.

Je m'endors tant bien que mal et me réveille en sursaut à 3h35 pour un début de quart à 3h! En effet, pour que l'on se réadapte progressivement au futur décalage horaire des Açores, Serge nous informe que nous modifions notre horloge d'une heure en plus à partir de maintenant. Et je n'ai pas changé l'heure de mon téléphone qui me sert aussi de réveil. Non seulement Hervé m'a laissée dormir mais en plus il me prépare une grande tasse de camomille qui me réchauffe. J'apprécie beaucoup !

Le plafond nuageux me cache la lune ; je ne verrai qu'une seule étoile épisodiquement et pas de lever de soleil. La mer est de couleur gris-bleu, les vagues me paraissent décidément bien hautes vues du siège de barre et le paysage me rappelle ma chère Bretagne.

A 6h, je descends dans ma cabine et m'endors toute habillée dans des draps humides, les pieds gelés. Je passe une bonne partie de la matinée au lit à regarder les vagues frapper la coque et passer au-dessus du hublot.

Nous déjeunons dans des bols en plastique avec poignée pour raison pratique. La mer est démontée avec des creux impressionnants depuis ce matin. Adieu le déjeuner dominical amélioré que nous avions prévu.


La navigation de l'après-midi est un peu moins sportive. La vitesse moyenne de la journée est de 8,1 nœuds avec une pointe à 22, 6 quand même ! Finalement, j'ai voulu connaître la hauteur des vagues rencontrées ce matin : de 5 à 6 mètres. Ah oui, quand même...

Je décide de rester dormir dans le carré avant mon quart de 23h. Un peu avant l'heure, je rejoins Hervé à la barre qui me recommande de rester au chaud pour l'instant car il fait froid dehors et dedans aussi d'ailleurs avec l'humidité ambiante. Cela m'arrange bien évidemment : je m'assieds donc, m'allonge et tombe aussitôt dans les bras de Morphée !


LUNDI 23 MAI :

Réveillée à 1h, endormie, je ne comprends pas pourquoi Serge est debout alors que c'est tout simplement l'heure de son quart. Pas très alerte durant ma dernière heure de veille, je le vois consciencieux faire le tour du bateau, regarder les voiles, l'écran puis enlever un ris. Après avoir observé le ciel étoilé quelques instants, je sens qu'il est plus que temps d'aller au lit et de dormir d'un sommeil profond et réparateur.

Qu'il est bon de se lever en se sentant revigorée !. Le soleil est présent et la mer a retrouvé sa jolie couleur bleue. Cela ne dure pas longtemps : nous nous retrouvons bientôt face aux vagues, avançant péniblement aux environs de 6 nœuds et bien obligés d'allumer les moteurs pour avancer. Quelques petits dauphins au ventre rose viendront jouer près du bateau mais trop brièvement à mon goût.

Vincent, toujours plein d'entrain, décide de concocter un plat à base de viande de bœuf et de légumes. Le souci est que la viande crue ne sent pas très bon alors nous lui conseillons de la cuire un peu et voir ce que cela donne. Très vite, commence un délire sur nos chances de survie après avoir goûté son plat. D'emblée, le cuisinier nous annonce qu'il n'en mangera pas et le voilà déjà en train de s'imaginer seul survivant et maître à bord de Piment Rouge. Il se demande même s'il est préférable de déposer nos 4 corps dans la pointe avant dans les sacs à voile (tout est réfléchi) ou de nous jeter à la traîne comme appâts pour les requins. Nous lui conseillons surtout de prendre un bon avocat car il lui faudra tout de même expliquer aux Autorités Maritimes comment il se retrouve avec 4 équipiers décédés suite à l' ingestion d'un plat préparé par le seul survivant...

Le problème sera vite réglé dès l'ouverture du couvercle de la cocotte qui dégage une odeur nauséabonde. Pierre s'empresse de jeter le contenu à la mer (pauvres poissons !) et d'ouvrir une bouteille de vin rouge. Alors nous trinquons à la Vie puisque nous avons échappé au pire, tout en savourant la bonne assiettée de pâtes à la tomate préparées par Hervé dans des conditions de mer pas faciles. Gare aux vêtements clairs : entre la couleur rouge-vin et la couleur rouge-tomate, mon cœur balance.....

Pour le confort de tous cette nuit, on change un peu le cap pour ne plus être face aux vagues et enfin couper les moteurs. Et pour clore cette "belle" journée, quelques minutes avant la fin de mon quart, tandis que Serge et moi discutons sur le siège de barre, une grosse vague sournoise vient copieusement nous arroser. Pouah.....pas cool d'aller se coucher les cheveux trempés et salés !


MARDI 24 MAI :

A 4h16, après une nuit excessivement agitée de toutes parts, je suis délicatement réveillée par le doux bruit des moteurs qui ronronnent à mes oreilles. Les adeptes de voile comprendront l'ironie de mes propos.

Excellent timing : le temps de descendre du lit (installé trop haut), aller aux toilettes (sans me cogner aux parois), ouvrir l'armoire (sans rien faire tomber), me brosser les dents (sans en mettre à côté), m'habiller (sans tomber sur le sol glissant) et enfiler mon anorak et mes chaussures (toujours humides), il est l'heure de prendre mon poste !!!

Ce matin, je ne sais pourquoi, malgré le temps gris et le soleil qui se cache, je prends beaucoup de plaisir à être seule à la barre, face aux embruns revigorants, à respirer l'air pur vivifiant. Bien m'en a pris puisque la météo se dégrade ensuite et les averses ou paquets d'eau de mer s'abattent sans discontinuer sur Piment Rouge.

A midi, nous changeons à nouveau d'horaire et avançons l'horloge d'une heure. Cela ne change pas grand-chose à notre rythme si ce n'est de ne pas se tromper pour les heures de veille la nuit. Maintenant, nous prenons tous nos repas dans le carré et sommes très vigilants à ne pas renverser la vaisselle.

Tout est imprégné d'humidité : les vêtements, serviettes, draps, chaussures....Nos corps qui commencent à fatiguer sont mis à rude épreuve, secoués dans tous les sens de jour comme de nuit. Et ce bruit incessant des vagues qui frappent le bateau de tout côté ! Quand cela va-t-il s'arrêter?


MERCREDI 25 MAI :

A 00h45, je me lève après 2 heures de sommeil. Je suis à moitié endormie la 1ère demi-heure de quart et réussis à tenir jusqu'à 4h non sans mal. Le capitaine nous a recommandé de rester à l'intérieur donc j'obéis. Je sors juste de temps à autre prendre un peu d'air frais et observer le ciel mais il n'y a rien à voir cette nuit.

Je suis incapable de dire si j'ai bien dormi ou non ensuite. Réveillée avec un mal de tête lancinant et nauséeuse, j'essaie de rester le plus souvent allongée au lit en attendant que cela passe. Les garçons regardent un film sur l'ordinateur tandis que je sors prendre l'air. En guise d'apéro, nous buvons un grog ; c'est dire que les températures ont bien chuté.

Hervé a le courage de préparer les repas quelles que soient les conditions de mer. Il nous régale ce soir de légumes

farcis qui sentent délicieusement bons mais que je ne goûterai qu'avec parcimonie comme me le recommande mon estomac. Devant mon état on peut dire lamentable, il me conseille gentiment d'aller au lit ce que je fais sans tarder.


JEUDI 26 MAI :


Peu après minuit, il m'est absolument impossible de rester dans ma cabine. J'ai l'impression depuis quelques jours d'être montée sur un manège qui part dans tous les sens et qui va de plus en plus vite ! Mon oreiller dans une main, la couette dans l'autre, je monte voir s'il reste de la place dans le carré devenu dortoir depuis quelques nuits.

Serge et Vincent discutent dehors. Hervé sera finalement descendu dans la cabine de Serge finir sa nuit (la cabine avant étant trop bruyante) et Pierre dort du sommeil du juste la tête enfouie sous les couvertures. Je me fais alors plus petite que je ne suis déjà et trouve ma place contre le dossier de la banquette.

Réveillée par un beau lever de soleil orangé, je descends me préparer tout en prenant soin à ne pas me faire mal entre 2 secousses imprévues.

" J'ai la tête qui éclate, j'voudrais seulement dormir, m'étendre sur l'asphalte " (Le monde est stone : Starmania). Depuis ce matin, j'ai cette chanson dans la tête et soudain je comprends : asphalte = bitume, goudron, sol, terre !!!.De la terre ferme, j'en rêve ainsi que d'une bonne douche bien chaude ! je sais, je deviens exigeante.

Nous avons tous les jours une pensée pour nos " copains de bateau " partis quelques jours des Bermudes après nous. J'ai une pensée particulière pour l'équipage de Mahoa avec lequel nous sommes en relation presque directe grâce à l'Iridium. Pierre note au crayon à papier leur parcours sur notre carte ce qui permet de voir si l'option plus au Sud qu'ils ont choisie est bonne. Quant à notre Piment Rouge,il assure et comme disent Pierre et Hervé depuis ce matin : "ça sent bon l'écurie !" Brave Piment qui n'a pas démérité depuis le début de la traversée contre vents et marées !!!

L'après-midi se déroule chaotiquement comme d'habitude depuis quelques jours, le but étant de se cogner le moins souvent possible lors de nos déplacements. Toilé à 3 ris dans la Grand-Voile, Piment Rouge doit affronter des vents qui montent à 38 nœuds !

Mes équipiers me font un joli cadeau : je suis exemptée de quart cette nuit. Merci surtout à Pierre qui en a décidé ainsi !. Alors, comme tout bon marin doit obéir à son capitaine, je m'empresse de m'installer à mon coin de banquette préféré pour notre dernière nuit en mer avant l'arrivée aux Açores.


VENDREDI 27 MAI :

Réveillée par le calme soudain de la mer et du bateau, j'ouvre les yeux et aperçois deux hommes barbus et souriants vêtus de rouge de la tête aux pieds. Je pense halluciner en voyant le Père-Noël en double mais la vue des capuches vert fluo et l'absence de hotte me détrompent rapidement. Ce ne sont que (pardon messieurs) Serge et Vincent partis enlever un ris. Du coup, Piment Rouge une fois remis vers le bon cap accélère et la cadence infernale des vagues reprend de plus belle....

L'ambiance à bord est toujours au beau fixe contrairement à la météo. Le déjeuner s'est déroulé dans une atmosphère particulièrement excitée à l'idée de retrouver bientôt la terre et surtout pour certains à l'idée d'avoir à nouveau du réseau : à chacun ses priorités. Mais comment ont fait Magellan ou Colomb sans téléphone? Toujours est-il que nous avons trinqué cul sec (Eh oui, on a osé)...... à l'eau de source Cristaline, le verre au quart plein pour ne pas en renverser comme d'habitude sur les genoux ou la banquette.


L'approche de l'île de Faial aux Açores nous remplit de joie ! Pierre fait une vidéo où nous allons tous danser tant bien que mal contre le solent, les enceintes à fond sur la douce mélodie de....... ACDC. Prise au dépourvu, je n'ai pas eu le temps de m'habiller en conséquence et paf, je reçois la grosse vague de bienvenue sur le vêtement qui était encore sec. Le moteur de l'annexe a pris l'eau ; c'est donc en ramant que nous allons à terre manger une bonne pierrade bien chaude au restaurant "Canto da Doca" : on a presque envie de poser les mains sur la pierre pour se réchauffer tant la chaleur nous manque. Nous finissons la soirée au mythique "Café Sport" chez Peter pour trinquer une fois de plus à cette belle traversée. Encore un dernier verre de rhum sur Piment Rouge et il est temps d'aller dormir.


SAMEDI 28 MAI :

Nous nous réveillons tous de bonne humeur : enfin, nous retrouvons ce cher soleil qui nous avait tant manqué ces derniers jours. Il n'y a plus assez de pinces à linge pour étendre tout le linge humide mais le vent nous facilite la tâche.


Avec Hervé et Vincent, nous partons faire des courses alimentaires au magasin "continente" très bien achalandé avec des prix nettement plus corrects qu'aux Bahamas ou Bermudes. Tout le monde contribue au nettoyage de Piment Rouge qui en a bien besoin. Après quelques achats de tee-shirts au magasin de Peter, nous allons nous promener le long de la côte et ne sommes pas déçus que ce soit des paysages ou des habitations. J'aime beaucoup cet endroit authentique où tout a du cachet comme les trottoirs en pierre noire et blanche.

Nous partons ensuite dîner à la "Cantina Da Praça" où nous savourons une délicieuse viande maturée accompagnée de frites maison qui nous réchauffent le corps et le coeur. Un dernier petit verre de rhum pour faciliter la digestion (et pour la bonne conscience) et extinction des lumières.


DIMANCHE 29 MAI :

BRRRRR, il fait froid ce matin au réveil ; la température annoncée est de 16 degrés mais en ressenti, la sensation est nettement inférieure !. J'ai une pensée pour ma maman en ce jour de fête des mères.

Le ciel est très changeant ce matin : soleil, nuages, pluie et le sera en fait toute la journée. Nous partons en voiture faire le tour de l'île sans Serge qui préfère rester à bord par sécurité. En effet, il n'y a pas beaucoup de place au mouillage pour le nombre croissant de bateaux qui arrivent.

Le vert est la couleur dominante de l'île qui a beaucoup de charme avec ses maisons colorées ou blanches avec un joli liseré de couleur et ses tuiles orangées. De nombreuses vaches paissent tranquillement dans les pâturages ou parfois attachées près des routes. Il est dommage que nous ne soyons pas en période de floraison car les hortensias poussent à profusion ; ils représentent d'ailleurs l'un des emblèmes des Açores avec les baleines. Nous allons dans le parc naturel de Faial voir le cratère Caldeira. Trois sentiers pédestres de niveaux différents permettent de le contourner en partie mais la température descendue à 9 degrés et la pluie froide qui arrive nous font rebrousser chemin. Nous poursuivons notre route jusqu'au phare situé à l'ouest de l'île et arrivons à un site incroyable : l'apparition d'un volcan en 1957 a complètement modifié le bout de l'île et donne à l'endroit un paysage lunaire de toute beauté. C'est à couper le souffle au propre comme au figuré car l'ascension abrupte qui permet d'avoir une superbe vue d'ensemble n'est pas vraiment difficile mais demande tout de même un peu d'énergie.


Il est temps d'aller à l'aéroport chercher Pascal notre dernier équipier, rendre la voiture, faire les dernières formalités de départ et nous quittons à regret cette belle île plus tôt que prévu pour échapper au gros coup de vent annoncé pour le lendemain.

Après un Ti Punch de bienvenue à Pascal (Piment Rouge sait recevoir), nous savourons les lasagnes préparées par Serge tandis que notre nouvel équipier, étendu de tout son long près de nous, commence à s'amariner après avoir subi les turbulences aériennes.


LUNDI 30 MAI :

Les quarts ont changé puisque l'équipage est passé de 5 à 6 personnes. Nous ne serons donc plus seul(e)s et partagerons 1h30 avec l'un puis 1h30 avec un autre. A 00h30, je retrouve Vincent à la barre et les étoiles dans le ciel. Grâce à Serge, nous en connaissons un peu plus et en sommes fiers. A 3h30, c'est transie de froid que je regagne ma cabine.

Après un peu moins de 19h de navigation, nous arrivons au port de Ponta Delgada sur l'île de Sao Miguel où nous nous amarrons sous une pluie diluvienne. Après Horta, nous sommes un peu déçus de ce que nous voyons : des grues, du béton et de hauts immeubles. Et cette pluie qui ne cesse pas et nous empêche d'aller faire un tour sans être entièrement trempés. Je prépare une tarte Tatin, ne serait-ce que pour profiter de la chaleur du four !.


Le soir, nous allons nous remonter le moral dans un restaurant "Adega do Mestre André" (petit clin d'œil à Dédé) où nous sommes très bien reçus dans un joli cadre. Nous goûtons aux spécialités Portugaises ainsi qu' aux vins de la maison. Nous ne passons pas inaperçus car le vin échauffant les esprits, Hervé commence à raconter des histoires drôles (enfin, pas toutes) d'une voix un peu forte et je vois des têtes commencer à se tourner vers notre table. De plus, notre serveur fait tinter une cloche à chaque fois qu'il nous sert un digestif et étonnamment, c'est à la table des Français que l'on entend le plus cette cloche. Dernier petit verre sur Piment Rouge sans le capitaine qui préfère retrouver son lit.


MARDI 31 MAI :

Pour être dans la bonne fenêtre météo, il est préférable que nous partions dans l'après-midi alors il n'y a pas de temps à perdre. Tandis que les uns gèrent les lessives, d'autres s'occupent de l'avitaillement ou du nettoyage du bateau. Vers 15h, nous voilà partis et apprenons que nos amis sur "Lavièbel" viennent de concrétiser l'un de leurs rêves : arriver à New-York sur leur catamaran ! Tout l'équipage de Piment Rouge partage leur bonheur en écoutant Téléphone chanter " Un jour, j'irai à New-York avec toi ". Encore bravo Philippe et Titine, nous sommes heureux et fiers de vous 2 !

Nous sirotons un cocktail maison préparé par Pierre à base de ginger beer, sans Hervé parti se reposer. Puis nous apprécions les délicieuses pâtes aux coquillages cuisinées par Vincent qui nous réchauffent agréablement le corps. Il est vrai que nous supportons de moins en moins le froid et attendons avec impatience de retrouver des températures plus clémentes.


MERCREDI 01 JUIN :


Mon quart terminé à 00h30, c'est frigorifiée que je rejoins péniblement mon lit où m'attendent des draps froids. Mais je préfère encore le froid à l'humidité. L'allure du bateau s'accélère quand soudain on se sent tous portés par une haute et longue vague : Piment Rouge a fait une pointe à 24,3 nœuds. Wouah ! c'est très impressionnant de ressentir cela la nuit ; surtout en bas allongée dans la cabine, au plus près de l'eau.

Nous avons une très belle journée ensoleillée avec des vagues qui nous portent confortablement. Piment Rouge avance à une moyenne de 9 nœuds et nous sommes heureux de retrouver enfin le soleil. La navigation stabilisée me permet de faire un gâteau aux carottes sans crainte de renverser le moule dans le four.

Nous dînons dans le cockpit, habillés chaudement, pour permettre à Pascal de se reposer dans le carré tranquillement. L' horloge a été avancée d'une heure à midi alors je descends me coucher en ayant l'impression qu'il fait grand jour.


JEUDI 02 JUIN :

00h15 : c'est l'heure de soulever la couette, quitter les draps chauds et s'habiller pour affronter le froid. La bonne surprise est la nuit claire étoilée qui m'attend ! Je passe mes 3 heures de quart à admirer le ciel et j'ai le plaisir d'apercevoir 2 étoiles filantes.

La journée se déroule comme celle d'hier avec un peu moins de chaleur puisque le soleil disparaît dès l'après-midi. On veille, lit, dort, regarde un film sur l'ordinateur...


Pierre fait un immense plaisir à tout l'équipage en allumant les moteurs et le chauffe-eau : à nous une douche et un shampoing à l'eau chaude !!! Nous nous sentons requinqués et apprécions d'autant plus la coupe de champagne qui nous attend, excepté pour Pascal qui continue à s'amariner et Vincent qui n'en est pas fan. Tant mieux (ne soyons pas hypocrites), cela nous en fait plus pour nous !


VENDREDI 03 JUIN :

La fatigue des quarts de veille depuis un mois commence à se faire sentir. C'est donc avec peu d'enthousiasme que j'éteins le réveil de mon téléphone à 3h15 ce matin. Le ciel est étoilé et j'aperçois un satellite mais très vite le froid qui s'imprègne dans mes vêtements m'oblige à descendre dans le carré. Une infusion de camomille préparée par Hervé ne parvient pas à me réchauffer.

Je songe alors à la panoplie idéale du marin pour une Transat : pantalon et veste de quart bien étanches, pull ou sweat épais, bonnet et gants, chaussettes chaudes et bottes. Autant dire que je suis partie de Nassau équipée comme une parfaite......... touriste. Je n'ai absolument rien de tout cela si ce n'est un bonnet (merci Pierre) acheté aux Açores qui me réchauffe agréablement la tête. Une fringale me prend à 5h30 (fait rarissime pour le signaler) que je m'empresse de combler par un petit déjeuner et c'est le ventre plein que je m'enfonce ensuite voluptueusement sous les couettes, couverture et draps. Hummmmm, finalement ça peut valoir le coup de se lever tôt pour vivre cet instant de bien-être...

Encore une agréable journée avec une belle moyenne entre 8 et 9 nœuds. Je prépare un gâteau au chocolat qui embaume le carré et donne envie à certains d'y goûter tout de suite mais je les tiens à l'œil... Un petit oiseau ressemblant à une hirondelle vient se poser sur Piment Rouge et semble perdu. Il entre dans le cockpit et s'installe dans une caisse pour la nuit, non loin de la tête de Vincent ; ce qui nous amuse. On ne sait pas qui des 2 se met à ronfler mais l'oiseau ne sera plus là au petit matin et n'aura pas touché aux miettes de pain posées près de lui.


SAMEDI 04 JUIN :


En me levant, je vais regarder l'écran et remarque aussitôt que la quasi -solitude de Piment Rouge en mer se termine. Nous arrivons effectivement dans un rail de cargos que nous devons traverser perpendiculairement et devons donc être vigilants. Une dizaine de globicéphales (nous semble-t-il) nous croise et nous ignore superbement.

Nous apprécions tous cette belle journée qui nous permet de profiter enfin des températures de printemps. Et c'est, entouré de cargos ou tankers, que Piment Rouge poursuit la traversée d'une allure quelque peu ralentie. Nous changeons d'heure encore une dernière fois pour être sur le même décalage horaire que la France.

Que c'est bon de retirer les couches de vêtement et de faire sécher au soleil le linge resté humide depuis plusieurs jours. Je profite de la sieste de mes équipiers pour retrouver mon endroit préféré : le siège baquet exposé au soleil et écoute avec nostalgie chanter Renaud du temps de sa splendeur.

Maintenant qu'il fait encore jour à 21h, il est plus difficile d'aller se coucher tôt ; ce que nous faisions jusqu'alors sans problème. J'attends le coucher du soleil tout en admirant la lune et vais délicatement (m'effondrer comme une masse) me blottir dans les draps.


DIMANCHE 05 JUIN :

A 00h15, j'ai juste envie de faire taire mon réveil une bonne fois pour toutes mais allez hop Sabine, lève-toi et marche ! Et ce qui m'attend dehors ne me fait pas regretter une seule seconde de m'être levée à une heure indue !. Le ciel est clair, sans nuages et la voûte céleste est tout simplement magnifique. J'admire les petite et grande Ourses, la voie lactée bien visible, les étoiles filantes et tout ce qui s'offre à mes yeux.

Je songe alors qu'il n'y a pas de meilleur endroit qu'un bateau pour avoir cette vue à 360°, sans pollution nocturne (à part les cargos au loin ce soir), sans obstacle pour admirer les lever et coucher de soleil et de lune. A 3h30, je remets la couette finalement car les nuits restent encore très fraîches.

Réveillée en sursaut à 5h05 par le son mélodieux des moteurs, je me rendors très rapidement pour me réveiller quelques heures plus tard et réalise que j'ai loupé la 1ère demi-heure de mon quart. Penaude (pas trop non plus quand même), je m'en excuse auprès de l'équipage et constate alors que je ne suis pas la seule ! Non, non, non, je ne donnerai pas les noms de mes camarades qui ont failli à leur devoir tout comme moi, par respect pour eux et surtout pour leur famille.....


Ça y est, nous apercevons la côte Espagnole : les falaises, les nombreuses éoliennes, les habitations et de plus en plus de cargos en arrivant au rocher de Gibraltar. En regardant autour de moi, je réalise que nous nous situons entre deux continents. Nous allons faire le plein de gasoil chez les Anglais puis traversons le bout de la piste d'aéroport pour aller juste à côté en Espagne à la marina d'Alcaidesa.


Pierre et Serge restent nettoyer Piment Rouge. Pascal, qui doit nous quitter, part chercher sa voiture de location. Hervé, Vincent et moi allons à pied faire les courses à Gibraltar dans le magasin Eroski ouvert le dimanche après-midi. C'est amusant de passer obligatoirement par la douane ; nous aimerions avoir un tampon sur notre passeport en souvenir mais le douanier refuse car nous sommes Européens. Nous ne résistons pas à l'envie d'aller jusqu'à la piste de l'aéroport et de nous arrêter en plein milieu pour prendre des photos.

De retour à la marina, nous trinquons à "Piment, Piment, Piment (3 fois les gars !), Piment Rouge" puis à la Transat. Nous partons ensuite déguster des tapas au restaurant "Bodebar" à Cadiz pour finir en beauté par des verres de vieux rhum sur le bateau.


LUNDI 06 JUIN :

Hou la la !!! Le réveil s'annonce difficile avec le trop plein d'alcool ingurgité la veille... Je vais donc rester raisonnablement au lit toute la matinée pour calmer mon "mal aux cheveux". Pascal nous a quittés tôt ce matin ; Pierre a replanifié les horaires de quart en conséquence pour 5 équipiers.

Nous naviguons maintenant dans la Méditerranée et la chaleur se fait vite ressentir ; cela nous tombe presque dessus comme une chape de plomb après ces jours et semaines passés dans le froid et l'humidité. A 4 nœuds de vent, nous sommes obligés de mettre les moteurs mais nous avançons cependant à une moyenne de 7,5 nœuds ; ce qui est une vitesse tout à fait respectable.

De temps à autre, nous apercevons des dauphins non loin du bateau ou ils viennent nous saluer mais ne restent jamais très longtemps. L'après-midi passe vite entre la détente, la lecture et la confection d'une tarte aux pommes. L'heure de l'apéritif arrive déjà et mon foie me permet de boire un coca light tandis que les copains trinquent au Ti Punch !

A 22h45, après avoir dormi une bonne heure, je m'apprête à faire mes 3 heures de quart sous un ciel étoilé et une douceur très appréciable. Seuls les bruits des moteurs, ininterrompus depuis 6h ce matin, troublent la quiétude de la nuit.


MARDI 07 JUIN :


Durant l'heure de veille où je me retrouve seule, je cherche toutes les étoiles ou signes que je connais dans la voûte céleste et suis heureuse de constater que j'aurai appris beaucoup du ciel depuis le début de cette traversée. A 2h, à la fin de mon quart, je reste un peu discuter avec Serge et ne le regretterai pas. En effet, j'ai l'immense plaisir de voir surgir 2 dauphins à l'avant de Piment Rouge que l'on croirait allumés de l'intérieur grâce à la bioluminescence et à leur vitesse dans l'eau. C'est beau !!! Je reconnais ma chance de vivre de tels moments et c'est, des étoiles dans les yeux, que je retrouve mon lit.

Hormis le fait qu'il n'y a pas suffisamment de vent pour avancer uniquement à la voile, nous passons une très belle journée ensoleillée avec un beau ciel bleu qui se reflète dans la mer et une légère brise qui nous rafraîchit agréablement. La vitesse régulière et tranquille (pour ne pas dire pépère) de Piment Rouge me permet de faire une douzaine de crêpes que je m'empresse de mettre "sous scellés" dans le four pour ne pas tenter les gourmands.

Double Ti-Punch ce soir pour fêter cette belle journée et nous commençons à parler du retour des uns et des autres mi-juin. Cela commence à sentir la fin de l'aventure.


MERCREDI 08 JUIN :


A 5h ce matin, il m'est encore possible d'apercevoir des étoiles mais très vite le ciel s'éclaircit et des nuages gris apparaissent. Le soleil sera timide à 6h30 pour devenir éblouissant quelques temps plus tard entre deux nuages. Nous arrivons tranquillement à Formentera pour un mouillage à l'ancre dans une eau turquoise pleine de "jolies" petites méduses. Les moteurs de Piment Rouge s'éteignent enfin à 8h35 pour le bonheur de tous !

Hervé, Vincent et moi allons à terre marcher le long des plages jusqu'au port de La Savina où Pierre vient nous rejoindre. L'endroit est charmant et très touristique ; il se mérite aussi car il faut marcher quelques kilomètres pour y arriver. De retour sur Piment Rouge, nous avons la chance de voir un magnifique coucher de soleil et des couleurs d'eau, de ciel et d'horizon incroyables. Même Serge, un habitué de la mer, était ébloui ! Fatigués de cette journée, nous ne tardons pas à tous aller nous coucher.


JEUDI 09 JUIN :

Chacun se lève tranquillement, profite de la température rafraîchissante de l'eau, vaque à ses occupations. Serge monte tout en haut du mât pour rectifier la caméra. Pierre enthousiaste décide d'y grimper à son tour suivi de Vincent. J'avoue que je ne suis pas courageuse et refuse de les suivre...

Je rappelle à Pierre que nous sommes le 09 juin, jour anniversaire de notre ami Laurent. Il décide alors de faire participer tout l'équipage pour de courtes vidéos dans lesquelles nous sommes toujours accompagnés de notre bouteille de Ricard achetée à l'origine pour lui. Nous prenons autant de plaisir à les préparer que lui à les regarder plus tard.

Peu après 16h, les moteurs sont allumés : tremble Ibiza, Piment Rouge arrive !!!

Les prix des ports étant excessifs, nous préférons nous mettre au mouillage parmi les nombreux bateaux déjà ancrés. La montée à pied jusqu'à la citadelle se mérite, surtout la descente avec des tongs sur les pavés glissants ! Nous arrivons à trouver une table pour 5 au "Bonito", restaurant de tapas très bien situé sur une place envahie de touristes et c'est assoiffés, après notre longue marche, que nous levons nos verres à Ibiza !

Le spectacle commence alors puisque nous assistons à un défilé de jeunes (et moins jeunes) femmes vêtues pour être admirées (ou décriées) ; dans tous les cas, pour ne pas passer inaperçues. Nous ne pouvons nous empêcher de trouver des ressemblances plutôt caricaturales bien évidemment avec des personnes plus ou moins célèbres. Merci à toutes ces inconnues de nous avoir fait passer une agréable soirée !


VENDREDI 10 JUIN :

Après une bonne nuit de sommeil, un bon petit-déjeuner et quelques courses à terre, nous levons l'ancre. Le manque de vent ne nous permet pas de rester suffisamment longtemps à la voile alors nous mettons les moteurs pour parvenir à un joli mouillage un peu sauvage (après tout ce béton entraperçu) au Nord-Est de l'île. Après déjeuner, nous nous dirigeons vers le Nord pour le mouillage de nuit. Je prépare une mousse au chocolat tandis que les hommes sont à la manœuvre.

La cala Xaracca située dans le Nord d'Ibiza est une très belle anse arborée, entourée de rochers de couleur ocre qui plongent dans une eau turquoise où il est facile d'ancrer dans du sable clair. Hervé part à la chasse aux oursins, Serge et Vincent vont se balader tandis que Pierre et moi faisons une partie de scrabble. Le soir arrive vite et de nombreux moustiques aussi.


SAMEDI 11 JUIN :


Peu après 6h, les moteurs sont allumés : direction Majorque. Nous déjeunons tout en longeant la falaise de Sa Dragonera très impressionnante puisque c'est la plus haute falaise d'Europe Occidentale dont le pic culmine à 402 mètres (j'ai bien appris ma leçon). Le taud est installé sur Piment Rouge pour le bonheur de tous : allongés sur les poufs rouges confortables sur le trampoline, protégés du soleil et avec juste un petit brin d'air qui nous ventile agréablement, que pouvons-nous demander de plus?. Nous nous arrêtons à la Punta de Sa Foradada admirer le rocher à tête d'éléphant et pour une courte baignade. Puis nous nous dirigeons vers la ville de Soller pour le mouillage de nuit.


Nous partons dîner au restaurant "So Caprichos" où nous dégustons de délicieuses entrées accompagnées de 2 litres de sangria, avec une mention particulière pour les moules au lait de coco et curry : un délice apprécié de tous ! Le service exclusivement féminin est sympathique et c'est le ventre bien tendu par l'excès de nourriture, que nous retournons à bord de Piment Rouge. Ce soir, je suis fatiguée et ne partagerai pas le dernier verre comme d'habitude avec mes camarades.


DIMANCHE 12 JUIN :

Ce matin, j'ai une pensée pour mon Romain qui fête aujourd'hui ses 25 ans.

Malgré les nombreux bateaux au mouillage, l'endroit est serein et plein de charme. Après quelques courses à terre dont du pain frais (miam), nous partons pour l'un des plus beaux mouillages de l'île : la cala de sa Calobra avec sa petite plage de galets devant le canyon. Aujourd'hui dimanche, les places sont chères mais Piment Rouge trouve sa place. Tous les jeux nautiques sont sortis ; entre kayak, paddles, divers matelas, nous n'avons que l'embarras du choix. Nous déjeunons sur le trampoline sous le taud car nous nous y sentons bien tout simplement.

L'après-midi se déroule entre baignade, sieste, lecture, préparation d'une tarte au chocolat. Nous attendons qu'il fasse moins chaud pour aller dans le canyon : au " Torrent de Pareis" sans Serge qui préfère rester sécuriser le bateau car ils sont encore nombreux au mouillage.


Il est préférable de porter de bonnes chaussures plutôt que des tongs (n'est-ce pas Vincent?) car nous commençons par une marche sur des galets puis une escalade sur des rochers parfois très glissants. La balade se révèle plutôt sportive mais le paysage est grandiose. Lorsque Serge vient nous récupérer 2h30 plus tard, nous ne sommes pas au meilleur de notre forme mais motivés par le rosé frais qui nous attend....... et qui nous attendra un peu plus longtemps que prévu.

En effet, Pierre et Serge réalisent que nous n'avons pas fait le plein de carburant. Or, il n'y a pas assez de gasoil pour aller de Majorque jusqu'à la Grande Motte comme prévu initialement. Après concertation entre les 2 hommes, Les moteurs sont allumés à 21h15 pour faire un détour par l'Espagne à Palamos. Pierre décide des quarts pour cette nuit : 1h30 seuls chacun. Nous pouvons alors boire un verre de rosé maintenant que tout est sous contrôle et il est plus de 23h lorsque les premiers partent se coucher.


LUNDI 13 JUIN :


A 5h15, il m'est facile de me lever sachant ce qui m'attend dans le ciel. Les planètes Jupiter, Mars et Vénus me font la grâce d'être encore présentes lorsque débute mon quart. Le soleil d'un superbe orange étincelant apparaît à 6h15 en même temps qu'un dauphin de petite taille qui passe non loin de Piment Rouge. Si Vincent n'avait pas été présent, je croirais l'avoir rêvé tant la synchronisation était parfaite. Quelques minutes plus tard apparaît un deuxième dauphin qui suit la même route que son congénère. J'ai beau attendre et regarder : il n'y en aura pas d'autres ce matin.

Peu après 16h, nous atteignons la marina de Palamos pour faire le plein de carburant. Nous espérions pouvoir acheter du pain frais mais les commerces ne se trouvent pas à proximité et un bateau attend derrière nous pour faire le plein à son tour. Je regarde ce qu'il reste dans le réfrigérateur et décide alors de faire un gâteau aux bananes : un petit dernier pour la route !. Nous trinquons au vin rouge ce soir pour notre dernière nuit en mer.


MARDI 14 JUIN :

Ma première pensée est pour ma fille Léa qui fête aujourd'hui ses 23 ans.

Je me suis souvent réveillée cette nuit sachant que c'est ma dernière nuit de navigation avant l'arrivée à La Grande Motte. J'ai même ouvert le store à l'arrière de ma cabine pour admirer la lune avant qu'elle ne disparaisse dans le ciel. Le lever de soleil est éclatant, je le regarde intensément : quand vais-je retrouver toutes ces belles sensations?

Incroyable accueil de dauphins avec des sauts comme je n'en ai encore jamais vus juste avant notre arrivée !!! Il est 10h30 lorsque Piment Rouge arrive à bon port à La Grande Motte sous le soleil. Et voilà, la fête est finie.



MERCI À PIERRE DE M'AVOIR OFFERT CETTE BELLE PARENTHÈSE DE VIE UNIQUE ET INOUBLIABLE

MERCI À SERGE SUPER SKIPPER DE PARTAGER TES CONNAISSANCES DE LA MER ET DU CIEL

MERCI À HERVÉ POUR TON ENERGIE POSITIVE ET TES TALENTS DE CUISINIER QUELLES QUE SOIENT LES CONDITIONS DE MER

MERCI À VINCENT POUR TES CHOIX MUSICAUX, TES ESSAIS CULINAIRES ET TON ÉTERNELLE BONNE HUMEUR

MERCI À PASCAL POUR TA PARTICIPATION AMICALE

MERCI À PIMENT ROUGE

MERCI À TOUS CEUX QUI ONT EU UNE PENSÉE POUR MOI DURANT CETTE TRAVERSÉE

MERCI AUX SOLEIL, LUNE ET ÉTOILES POUR LEUR BEAUTÉ ET PRÉSENCE LUMINEUSE

MERCI LA VIE.


À MES 4 ENFANTS QUI ONT LA VOLONTÉ D'ALLER JUSQU'AU BOUT DE LEURS RÊVES


CHANSON " PIMENT ROUGE "

(Musique de Hervé Christiani : Il est libre Max)

COUPLET :

Partis des Bahamas sur ce bel Outremer

Nous étions tous heureux alors de quitter la Terre

Les îles des Bermudes seront notre premier arrêt

Si tout va bien Serge viendra enfin nous retrouver

REFRAIN :

Il va vite.......... Piment Rouge

Il va vite.......... Piment Rouge

Y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu s'envoler

COUPLET :

L'archipel des Açores sera notre prochaine escale

C'est là-bas que doit nous rejoindre l'ami Pascal

Alors l'équipage sera enfin au complet

Pour continuer ensemble cette belle traversée

REFRAIN

COUPLET :

Le capitaine pense faire un arrêt à Gibraltar

Ca tombe bien on rêve tous d'un verre d'alcool dans un bar

Pour finir en beauté plein cap sur Montpellier

Autant vous dire que l'on sera tristes de se quitter

REFRAIN

FIN


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